Un destin, un chemin, un questionnement ? Je réponds à toutes vos questions par écrit ou par téléphone depuis la Vallée de Lesponne.
Passionnée par le dialogue avec les guides anonymes qui nous aident, je suis une mosaïque de fils, composée d'une multitude de formations universitaires et de métiers que j'ai faits et défaits.
Avec « Survivre » Bruno Bettelheim pose le problème du survivant qui après avoir maîtrisé son expérience à un certain niveau, doit sans cesse faire face au problème à un autre niveau qui doit être résolu à son tour. Parmi les situations extrêmes, les plus difficiles à résoudre, sont celles qui constituent le problème central de notre époque, nous dit Bettelheim : les aspects potentiellement destructifs du progrès.
A moins d’être enclin à philosopher, on se contente de prendre la vie comme elle vient quand tout se passe à peu près bien, et on préfère ignorer le problème embarrassant du but et de la signification de l’existence. Bien que nous soyons tous disposés à accepter intellectuellement que l’homme, en général, n’est que le résultat, dû au hasard, d’un processus évolutionnaire long et complexe, et que chacun d’entre nous, en particulier, doit être au monde à l’instinct de procréation de ses parents et – du moins l’espère-t-il – a leur volonté de l’avoir, lui, pour enfant, je ne pense pas que cette explication rationnelle soit vraiment convaincante en ce qui concerne nos sentiments. De temps en temps, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous demander ce que peut bien être le but (s’il en existe un) de la vie pour les êtres humains. Mais il ne s’agit certainement pas d’un problème qui nous tracasse beaucoup en temps ordinaire.
En période de détresse, cependant, le problème de la finalité de la vie, ou de sa signification, s’impose à notre conscience. Plus l’expérience est pénible, plus la question se pose avec insistance. Il est significatif, sur le plan psychologique, que nous commencions à nous inquiéter du sens de la vie aux moments où nous sommes désemparés par des épreuves pénibles : notre recherche d’une réponse, en effet, a un but bien précis. Nous avons l’impression qu’il nous suffirait de saisir le sens profond de la vie pour comprendre aussitôt la véritable signification de notre calvaire – et incidemment de celui des autres – et que nous pourrions alors répondre à cette question brûlante : pourquoi nous est-il infligé, pourquoi devons-nous le subir ?
Si, à la lumière de notre compréhension de cette finalité, notre souffrance apparaît nécessaire, ou en constitue une partie essentielle, alors, notre affliction, en tant qu’élément intégrant du grand dessein de la vie, prend elle-même tout son sens et devient plus supportable.
Aussi grande que puisse être notre douleur physique, elle devient plus tolérable quand on est assuré de survivre à la maladie qui l’a causée et d’obtenir finalement la guérison. Le pire des calvaires est adouci dès que l’on croit que l’état de détresse est réversible et qu’il aura certainement une fin. La pire des calamités devient supportable si on peut envisager sereinement sa disparition. Seule la mort est absolue, irréversible, définitive ; et tout d’abord la nôtre, et aussi celle d’autrui. C’est pourquoi l’angoisse de mort, si elle n’est pas adoucie par une foi solide en une vie future, dépasse en profondeur toutes les angoisses. La mort, cette ultime négation de la vie, pose avec la plus extrême acuité le problème de la signification de l’existence.
Bruno BETTELHEIM, Survivre, Editions Robert Laffont, 1979 (1952)
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